Ces produits se retrouvent partout, notamment : les assainisseurs d’air, les savons parfumés, les détergents à lessive, les feuilles assouplissantes et les produits de nettoyage. Ils émettent de nombreux produits chimiques, y compris certains parmi les catégories de produits « toxiques » et « dangereux », et même certains ont aucun niveau d’exposition qualifié de sécuritaire.
Mais, il se peut que vous ne connaissiez pas ces produits dangereux. Nos lois n’exigent pas d’énumérer tous les ingrédients inclus dans les produits de consommation parfumés sur les étiquettes ou sur la fiche signalétique de sécurité de produit (FSSP). Dans le cas où les ingrédients sont énumérés, ils sont normalement d’ordre général ou paraissent inoffensifs, tels que les « surfactants biodégradables » ou les « parfums organiques ». Et cela va encore plus loin, car un seul « parfum » dans un produit peut être composé de quelques douzaines à plusieurs centaines de produits chimiques, la plupart d’entre eux étant synthétiques. Même des produits s’affichant comme « écologiques » ou « biologiques » émettent des produits chimiques toxiques et dangereux, souvent, autant que les produits provenant de marques de commerce traditionnelles.
Ces produits peuvent provoquer un éventail d’effets néfastes sur la santé, tels que des maux de tête, des troubles respiratoires, des crises d’asthme, des éruptions cutanées et même des pertes de conscience.1 Je voulais découvrir lesquels ingrédients pouvaient entraîner ces effets. En collaboration avec mes collègues, j’ai effectué l’analyse de 25 produits parfumés les plus populaires vendus sur le marché, soit les assainisseurs d’air, les produits à lessive, les nettoyants et les produits de soins personnels, pour découvrir ce qui les composait vraiment. Nous avons utilisé la technique de l’espace de tête avec couplage entre la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse afin de détecter les composés organiques volatils (COV) émis de ces produits.2
Les résultats sont étonnants : ces 25 produits émettaient 133 COV différents, avec une moyenne de 17 COV par produit. Parmi ces 133 COV, 24 entrent sous la catégorie des produits toxiques ou dangereux en vertu des lois fédérales des États-Unis, et chaque produit émettait entre un et huit de ces composés.
Dans la majorité des cas, les consommatrices et les consommateurs n’auraient pu d’aucune façon être informés de la présence de tels produits chimiques. Seulement un ingrédient figurait parmi la liste sur une étiquette de produit quelconque, et seulement deux apparaissaient sur une FSSP. En outre, environ la moitié des produits affichait une mention « écologique » (telle que « biologique », « naturel », avec « huiles essentielles » ou « parfum biologique ») et ils émettaient autant de composés toxiques et dangereux et des produits possiblement cancérogènes, que les produits traditionnels.3 (Vous trouverez l’intégralité des résultats sur le site Web anglais suivant : depts.washington.edu.)
Comment cela se fait-il, considérant les douzaines de lois visant à protéger et à promouvoir la santé publique? Voici pourquoi : Aucune loi aux États-Unis ou au Canada n’exigent que les manufacturiers dévoilent les ingrédients des produits de consommation (tels que les assainisseurs d’air, les produits à lessive et les nettoyants), soit sur l’étiquette, soit sur la fiche signalétique de sécurité de produit (FSSP). En ce qui concerne les sous-ensembles des produits de consommation considérés comme étant des cosmétiques (tels que les produits de soins personnels), les manufacturiers doivent inscrire la liste des ingrédients sur l’étiquette, mais ils peuvent toutefois utiliser le terme général « fragrance » ou « parfum » au lieu de la liste d’ingrédients inclus dans la fragrance. De façon plus générale, aucune loi n’exige la divulgation de tout ingrédient dans un « parfum » contenu dans tout produit.4
Nous avons découvert d’autres résultats étonnants : près de la moitié des produits parfumés émettaient un « polluant atmosphérique nocif » et cancérogène ou plus (1,4-dioxane, acétaldéhyde, formaldéhyde, et dichlorométhane), pour lesquels il n’y a pas de niveau d’exposition sécuritaire selon l’agence de protection de l’environnement des États-Unis. De plus, même si un produit ne contient pas de produits chimiques dangereux, il peut en générer. Par exemple, le produit chimique le plus populaire émis de ces produits était le limonène; celui-ci réagit avec l’ozone dans l’air environnant et crée ainsi des polluants secondaires potentiellement nocifs tels que le formaldéhyde, l’acétaldéhyde et des particules ultra fines.5
Que peuvent faire les consommatrices et les consommateurs? Pour le nettoyage, ils peuvent utiliser les produits de base, tels que le bicarbonate de soude et le vinaigre, et utiliser des produits sans parfum ou sans odeur. Ils peuvent également adopter une approche directe pour améliorer la qualité de l’air de l’intérieur en ouvrant une fenêtre ou en faisant fonctionner un ventilateur plutôt qu’en utilisant des assainisseurs d’air ou des désodorisants (qui, soit dit en passant, ne purifient pas l’air, ils masquent plutôt le problème puis ne font qu’empirer la qualité de l’air). Le fait de faire preuve de scepticisme lors de la lecture des étiquettes et des FSSP peut également aider. Seulement certains ingrédients peuvent être indiqués sur la liste, le cas échéant (même les produits identifiés « non parfumé » ou « sans parfum » peuvent contenir un parfum de même qu’un parfum destiné à masquer l’odeur). Ne vous y méprenez pas en ce qui a trait aux produits affichant la mention « écologique », « biologique » ou « parfum naturel ». Ces termes ne sont pas réglementés ni définis et ces produits peuvent émettre des produits chimiques toxiques au même titre que les marques traditionnelles.
Je poursuis toujours ma quête à la découverte de la composition de ces produits et à savoir pourquoi ils rendent les gens malades. Est-ce attribuable aux ingrédients individuels, aux compositions, ou au deux? Est-ce parce qu’il s’agit d’un ingrédient synthétique plutôt que d’un ingrédient vraiment naturel? Ou, est-ce parce que les mélanges de produits chimiques qui se trouvent dans nos produits, sont étrangers à la nature? De façon encore plus générale, quelle est l’incidence sur l’environnement lorsque de tels produits sont utilisés, par exemple, les produits chimiques des produits à lessive qui sont propulsés à l’extérieur ou qui sont évacués dans les égouts? En se penchant sur ces questions, il est possible d’améliorer notre compréhension sur les liens qui existent entre les expositions à l’environnement et la santé, et cela peut aussi nous aider au développement des critères pour l’analyse des produits et de leur sécurité. Ce faisant, pendant que la recherche avance en se sens, nous pouvons passer à l’action afin de réduire les expositions à de tels risques. La Fondation David Suzuki fournit des recommandations importantes et des lignes directrices précises pour vous mettre à l’action.6
Anne Steinemann est professeure en génie civil et en génie de l’environnement et professeure d’affaires publiques à l’Université de Washington. Dr. Steinemann mène des recherches sur les expositions aux polluants, sur les émissions des produits de consommation, sur les effets sur la santé, sur les changements climatiques et sur la gestion des ressources. Elle travaille en collaboration avec des agences, des industries, des individus, apportant ainsi la science pour les décisions visant à protéger la santé de l’être humain et celle de l’environnement. Vous pouvez trouver de plus amples renseignements (en anglais seulement) sur son site Web à l’adresse suivante : https://www.drsteinemann.com
Les normes canadiennes sur les produits cosmétiques ne sont pas de toute beauté. Vous avez le droit de connaître les ingrédients de fragrance présents dans les produits de beauté et d’hygiène.